Les accords de Minsk "la seule base agréée d’une solution durable à la crise ukrainienne"

Politique étrangère - Arabie saoudite - Qatar - PFUE - Biélorussie - Russie - Ukraine - Iran - Etats-Unis - Algérie - Entretien de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, avec « BFM TV » - Extraits

(Paris, 7 janvier 2022)

Q - Avant de parler de l’état du monde, inquiétant… Vous êtes inquiet, je sais que vous êtes inquiet.

R - Préoccupé.

Q - Avant de parler de l’état du monde, je voudrais que nous revenions sur ce qui s’est passé le 30 décembre dernier près de Djeddah, en Arabie saoudite, deux jours avant le départ du Dakar, le pilote Philippe Boutron est au volant du véhicule d’assistance. Il démarre. 500 m plus loin, explosion sous la voiture. La voiture prend feu. Philippe Boutron est grièvement blessé. Ses passagers sont indemnes. Une bombe aurait été placée sous le châssis. Attentat terroriste, Jean-Yves Le Drian ?

R - Peut-être. Nous l’avons fait savoir très vite. Et nous avons dit et aux organisateurs, et aux responsables saoudiens qu’il fallait être très transparent sur ce qui venait de se passer. Parce qu’il y avait des hypothèses selon lesquelles ce pouvait être un acte terroriste. Il y a déjà eu des actes terroristes en Arabie saoudite contre les intérêts français.

Q - À Djeddah notamment…

R - Il était important de protéger nos concitoyens, d’avertir, de prévenir, et de demander la plus grande transparence. Donc le parquet national anti-terroriste a été saisi, il s’est saisi lui-même d’ailleurs de cette affaire. Et nous sommes aujourd’hui devant cette situation : il y a peut-être eu un attentat terroriste contre le Dakar.

Q - Contre le Dakar. L’organisation a mis un peu de temps à réagir.

R - Nous avons réagi tout de suite en ce qui nous concerne.

Q - En ce qui concerne le Quai d’Orsay…

R - Nous avons alerté tout de suite et les organisateurs et les Saoudiens.

Q - Les organisateurs et les Saoudiens ont mis un peu de temps, ont minimisé l’affaire au départ. Est-ce que la France enquête ? Ou laisse l’Arabie saoudite…

R - Le parquet national antiterroriste a ouvert cette enquête et il a les moyens de poursuivre.

Q - Donc des enquêteurs iront sur place ?

R - Bien sûr.

Q - Des enquêteurs français iront sur place ?

R - Il faut être vraiment très vigilant. Nous avons pensé que peut-être, cela valait le coup de renoncer à cette manifestation sportive. Les organisateurs ont décidé de maintenir, mais la prudence….

Q - Vous auriez préféré que l’on renonce ?

R - Dans ces cas-là, il faut être quand même très précautionneux.

Q - Très responsable. Le Dakar aurait dû s’arrêter ?

R - Au moins mettre en place des dispositifs de protection suffisants et renforcés. Je pense qu’ils l’ont fait, mais en tout cas, la question reste posée.

Q - Autre chose, dans la région toujours. Le Qatar finance en France une quinzaine de mosquées, d’écoles, d’associations, surveillées parce que trop proches des islamistes. Est-il vrai que la France a demandé au Qatar de cesser de les financer ?

R - Oui.

Q - C’était en novembre dernier, est-ce que le Qatar a obtempéré ?

R - Je pense que le Qatar a pris en considération les observations que nous leur avons faites. Le Président de la République s’est rendu au Qatar, l’a dit à l’Émir, et j’espère que ces indications ou ces précautions à prendre entraineront des conséquences concrètes.

Q - Pour l’instant, le Qatar n’a pas réagi.

R - Je pense qu’ils agissent.

Q - Il n’a pas pour l’instant réagi.

R - Mais je pense qu’ils agissent.

Q - Mais vous espérez qu’ils vont agir…

R - Je pense qu’ils agissent. Je ne suis pas uniquement dans l’espérance, je pense qu’ils prennent les mesures nécessaires pour rester vraiment très clairs et très concrets dans les mesures à prendre contre ces risques de développement d’un islamisme intégriste.

Q - Jean-Yves Le Drian, la France préside le Conseil de l’Union européenne. Emmanuel Macron rencontrera Ursula von der Leyen aujourd’hui, tout à l’heure. Quels seront les textes prioritaires ?

R - C’est d’abord un grand événement que la France préside l’Union européenne. Ce n’est pas arrivé depuis treize ans. Ce n’est pas arrivé depuis 2008, pardon, et c’est la treizième fois que nous le faisons, et nous le faisons à un moment particulièrement grave de l’avenir de l’Union européenne. Parce que nous le faisons à un moment où nous sommes dans la crise pandémique, et il faut prendre les mesures nécessaires, il faut coordonner et l’Union européenne a été au rendez-vous de cette crise, y compris en termes de production de vaccins. Mais maintenant, il faut poursuivre et continuer à nous protéger.

Nous le faisons à un moment où il faut engager et la transition écologique et la transition numérique et la réindustrialisation de l’Europe. Nous le faisons à un moment où l’Europe doit affirmer sa puissance. Nous le faisons à un moment où il y a des risques et des menaces partout dans le monde et où l’Europe doit affirmer sa souveraineté et son autonomie stratégique. Donc nous le faisons à un moment clé de l’histoire de l’Union européenne. Nous sommes placés devant une réalité très forte : est-ce que l’Union européenne va gérer son propre destin elle-même, est-ce qu’elle va prendre les moyens de le faire. Est-ce qu’elle va affirmer qu’elle n’est pas uniquement un grand marché de 450 millions de personnes, mais que le fait qu’elle soit un grand marché lui donne de la puissance.

C’est ça les sujets qui sont sur la table, au-delà de textes sur lesquels on va avancer : je pense à la régulation numérique, je pense au salaire minimum…

Q - Et montrer son unité ?

R - Et montrer son unité.

Q - Elle a besoin de montrer son unité ?

R - Elle l’a montrée ! Elle l’a montrée lors du Brexit…

Q - Elle l’a montrée dans la crise biélorusse…

R - Elle l’a montrée dans la crise biélorusse, où finalement elle a gagné. Rappelez-vous, Loukachenko qui voulait, après avoir truqué les élections pendant l’été 2020, instrumentaliser les migrants pour essayer de déstabiliser l’Union européenne. L’Union européenne a été unie. Et elle a permis grâce aussi à sa capacité d’action internationale à l’égard de certains pays d’éviter cette instrumentalisation et de marquer des points à l’égard de Loukachenko.

Cela dit, ce n’est pas fini. Parce que Loukachenko est un dictateur, qu’il envisage une réforme de la constitution de la Biélorussie dans les semaines qui viennent pour renforcer son pouvoir autoritaire. Nous avons pris des mesures fortes, y compris des mesures de rétorsion et des mesures de sanctions à l’égard de la Biélorussie, à cinq reprises. Nous tenons fermement sur cette position et je crois que l’Union européenne a fait preuve d’une véritable unité dans cette affaire et cette unité-là a permis de gagner.

Q - Nous allons parler de l’Ukraine évidemment, mais avant de parler de l’Ukraine, Ukraine-Russie, tout est lié, je voudrais vous parler du gazoduc Nord stream 2. Pourquoi ? Parce que c’est lié. C’est un levier pour l’Europe face à la Russie. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la diplomatie américaine qui le dit. C’est un levier, ce gazoduc Nord stream 2, pour l’Europe face à la Russie ? Si la Russie envahit l’Ukraine, faudra-t-il fermer Nord stream 2 ?

R - Les Allemands - parce que c’est une question allemande, c’est d’abord une question allemande -…

Q - Oui, c’est une question allemande, mais c’est aussi une question européenne, parce que ce gaz russe vient chez nous aussi.

R - À l’égard de cette position, la France a toujours marqué une grande réserve sur Nord stream 2. Mais j’ai cru comprendre que si d’aventure il y avait une agression en Ukraine, cette question serait mise sur la table.

Q - Elle sera mise sur la table s’il y a agression russe sur l’Ukraine ?

R - Tout est aujourd’hui concentré sur le fait d’éviter qu’il y ait une agression russe sur l’Ukraine. Mais on a dit très fort dès le départ aux Russes que s’il y avait une agression supplémentaire à l’égard de l’Ukraine, les conséquences stratégiques seraient graves à l’égard de la Russie, elles seraient d’ailleurs à mon avis unitaires au niveau européen. Cette alerte a été manifestée à plusieurs reprises, y compris par la France. Cela n’empêche pas qu’il faut parler avec les Russes. Mais il faut dire aux Russes que si d’aventure il y avait une atteinte supplémentaire à l’intégrité de l’Ukraine, les conséquences seraient très lourdes pour la Russie.

Q - C’est donc, Nord stream 2, un levier pour l’Europe…

R - C’est un levier mais il n’y a pas que cela.

Q - Justement, parlons de l’Ukraine. Croyez-vous à la possibilité d’une invasion de l’Ukraine par les troupes russes ?

R - Il y a eu un renforcement assez considérable des forces russes aux frontières de l’Ukraine et aux frontières de cette région du Donbass, qui s’est accéléré au cours des derniers mois de l’année 2021. Nous nous sommes très préoccupés de cet accroissement. Et puis à un moment donné, je crois que c’était le 21 décembre, le Président Poutine a dit : mais tout ça, c’était des manoeuvres, nous avons le droit de nous entrainer, et nous allons commencer à retirer une partie des forces. Nous ne l’avons pas constaté. Mais…

Q - Elles sont toujours là !

R - Mais parallèlement à cela, le Président Poutine a dit : je propose de discuter. C’était une nouveauté. Je propose de discuter, mais sur quoi ? Je propose de discuter sur un accord entre la Russie et les États-Unis concernant le contrôle des armes et je propose de discuter avec l’OTAN pour faire en sorte, en quelque sorte, de revenir aux zones d’influence d’avant, c’est-à-dire aux zones d’influence en bloc, faire en sorte que finalement, la Russie retrouve l’esprit de Yalta. Ce n’est pas…

Q - Et de l’URSS.

R - Ce n’est pas notre point de vue…

Q - Et de l’URSS.

R - Mais à partir du moment où le Président Poutine dit « je veux discuter », il faut accepter la discussion. Même si dans notre esprit la discussion ne porte pas d’abord obligatoirement sur les normes que propose le Président Poutine, mais la discussion permet de parler aussi d’autres choses. Parce que dans le passé, il y a eu c’est vrai, cet affrontement de blocs avant la disparition de l’URSS, mais il y a eu aussi des accords qui avaient été signés par la même URSS qui s’appelaient les accords d’Helsinki, ou la Charte de Paris, dans lesquels il était dit : - c’est signé par l’URSS et repris par la Russie - chaque pays de l’Europe, pour préserver la stabilité et la sécurité en Europe a le droit à l’autonomie, la souveraineté, l’inviolabilité des frontières, la transparence, bref, le choix de ses alliances, le choix de ses partenariats ; tout cela c’est dans la Charte de Paris et dans les accords d’Helsinki signés par la Russie. Alors, discutons ! Mettons tout sur la table, participons à ces rencontres, et essayons de faire en sorte que le fil du dialogue puisse se maintenir parce qu’il faut parler avec la Russie, la Russie c’est notre voisin et il faut être en même temps intransigeant sur les fondamentaux.

Q - Ça je l’ai compris, sauf que Vladimir Poutine veut une nouvelle architecture de la sécurité en Europe, c’est ce qu’il veut. Et ce n’est pas avec l’Europe qu’il discute, c’est avec Washington. D’ailleurs, 9-10 janvier, il y a des discussions à Genève, entre Américains et Russes. Est-ce que Poutine n’est pas en train de passer par-dessus l’Union européenne ?

R - C’est ce qu’il souhaiterait, parce qu’il a très peu…

Q - C’est ce qu’il fait !

R - Attendez, c’est ce qu’il souhaiterait parce qu’il a peu de considérations sur l’Union européenne et qu’il est tout à fait déterminé à essayer de mettre des coins dans l’unité européenne qui est maintenue et qui est je crois solidifiée. On ne peut pas envisager la sécurité et la stabilité en Europe sans les Européens. C’est ce que nous avons dit et c’est ce que nous allons dire tout à l’heure, parce que se tient cet après-midi une réunion des États membres de l’OTAN avant la discussion qui va avoir lieu avec les Russes et avant la rencontre Russie-OTAN. Les Européens sont pour leur plus grande partie membres de l’OTAN et nous disons cela à l’OTAN, que la sécurité des Européens ne peut pas se faire sans eux. Nous le disons aussi aux Américains. Et nous avons avec les Américains des relations suffisamment étroites pour nous informer mutuellement de l’état de la situation.

Par ailleurs, puisque vous rappelez les dates, la semaine prochaine il y a plusieurs évènements au-delà de la discussion de Genève entre les États-Unis et la Russie, il y aura aussi une réunion de l’OTAN avec la Russie, je l’ai dit tout à l’heure, et il y aura aussi une réunion de l’OSCE, de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe, c’est-à-dire, les résultats, l’institution qui a été créée après les accords de Helsinki, où il y a les Européens qui vont dire ce qu’ils pensent sur leur propre sécurité. Parallèlement à cela, puisque vous parlez de l’Union européenne, la semaine prochaine, vont se réunir à Brest les ministres des affaires étrangères et les ministres de la défense de l’Union européenne pour aborder l’ensemble de ces sujets en présence aussi du Secrétaire général de l’OTAN et du Haut représentant de l’Union européenne M. Borrell. Donc les Européens sont à la manoeuvre. Ils ne vont pas se laisser distancier ou marginaliser par les choix(…) en tre M. Poutine et les États-Unis. Ce n’est pas M. Poutine qui dicte la manière de fonctionner des Européens.

Q - Mais Jean-Yves Le Drian, vous disiez en tout début d’interview « oui je suis inquiet », vous êtes inquiet ? Comme moi, comme beaucoup, vous êtes inquiet par l’état du monde. Alors regardons et parlons-en. La Chine, qui se referme et qui renforce son arsenal nucléaire. La Russie, qui développe des missiles, et qui de plus en plus intervient un peu partout, les États-Unis qui sont sur le qui-vive, vous aussi, nous aussi nous sommes sur le qui-vive aujourd’hui. Les États-Unis qui se retirent du Moyen-Orient, peut-être pour mieux se préparer à quoi ? A une guerre éventuelle avec la Chine ?

R - C’est vrai qu’il y a des tensions partout. Il y a des tensions en bordure d’Ukraine, il y a des tensions dans le détroit de Taiwan. Il y a des tensions au Moyen-Orient. Nous sommes dans un (…) brutal…

Q - L’Iran

R - …dans un affrontement de puissances, dans des rivalités exacerbées, dans des conflictualités permanentes. C’est vrai que le monde est devenu extrêmement instable, et j’en tire plusieurs conséquences. La première c’est que dans cet ensemble-là aussi dangereux il faut que l’Europe s’affirme davantage, et qu’elle affirme aussi qu’elle peut elle-même produire sa propre sécurité. Ça fait plusieurs années que je suis dans mes fonctions de ministre de la défense ou ministre des affaires étrangères. Ce qui me frappe quand-même, c’est que concernant la sécurité, il y a eu une progression considérable de la prise de conscience des Européens de la nécessité d’avoir une sécurité partagée entre les Européens et d’une défense européenne. C’est tout à fait nouveau et ça s’accélère. Ça va être un des sujets de notre rencontre de la semaine prochaine entre les différents ministres pour aboutir à ce que l’Europe puisse désigner elle-même les menaces qui sont sur elle, qui sont peut-être propres, qui ne sont peut-être pas partagées par nos alliés américains, pour définir aussi ses capacités d’agir seule le cas échéant, et pour définir aussi la force de sa diplomatie dans les échanges…

Q - Mais Jean-Yves Le Drian, s’il y a conflit mondial…

R - Je ne suis pas encore dans cette hypothèse…

Q - Non, mais s’il y a conflit mondial, les Américains restent-ils notre partenaire majeur ?

R - Oui, c’est notre allié. Bien sûr, c’est notre partenaire majeur, c’est notre allié. Nous sommes dans l’Alliance atlantique avec eux. Mais, depuis quelques années, les préoccupations stratégiques majeures des États-Unis ont changé. Ça a commencé même avant Trump, ça a commencé sur Obama, le retour et le pivot vers l’Asie. Il y a une priorisation sur la conflictualité potentielle avec la Chine, et un retrait d’autres secteurs, le retrait de l’Afghanistan en a fait partie, ce qui impose à l’Europe encore plus d’affirmer sa souveraineté.

Q - Autre question, autre inquiétude, c’est l’Iran effectivement. Les Iraniens enrichissent leur uranium. Ils en sont à 70% je crois ou 60% aujourd’hui. Les accords de Vienne disaient 3,6%. On en est à 60%. 90% fait la bombe nucléaire. Est-ce que les Israéliens se préparent à intervenir et à frapper les installations iraniennes ?

R - Je vais faire deux observations ou trois même sur cette question grave. La première pour revenir sur ce que vous avez dit. Dans les discussions que nous avons avec les Iraniens, pour la suite des accords de Vienne et dans la volonté de revenir dans cet accord qu’on appelle le JCPoA, les Européens jouent totalement et solidairement leur partition. Nous sommes avec les Allemands et avec les Britanniques dans cette discussion à 6…

Q - Très bien mais…

R - Non mais c’est pour vous dire que les Européens sont à leur place…

Q - Oui je suis d’accord…

R - Et c’est coordonné par le Haut représentant, M. Borrell. Donc nous sommes…

Q - Très bien. Est-ce que vous les Européens, est-ce que vous intervenez auprès des Israéliens en leur disant : n’intervenez pas ?

R - Deuxièmement, moi je reste encore convaincu qu’on peut arriver à un accord. Et donc lorsqu’on essaye d’arrive à un accord, il y a eu quelques progrès qui ont été faits les jours derniers, c’est à noter même si les négociations ont été interrompues pendant plusieurs mois à la suite du changement de gouvernement iranien. On est parti sur un chemin plutôt positif les jours derniers mais le temps presse. C’est ça le sujet. Parce que si on n’arrive pas à avoir un accord permettant la non-prolifération nucléaire et donc l’inaccession de l’Iran à l’arme nucléaire, si on n’arrive pas à un accord rapidement alors il n’y aura plus rien à négocier puisqu’on négocie l’accès à l’arme nucléaire et l’accès contre les avantages…

Q - Et ce sera la porte ouverte à une éventuelle intervention israélienne…

R - A ce moment-là, on est dans une situation beaucoup plus grave mais j’espère qu’on ne va pas y arriver. Ce n’est l’intérêt ni des Iraniens ni de l’ensemble des pays de la région. Parce que j’ai remarqué que par ailleurs les Émiriens, d’autres pays commençaient à essayer de tisser des liens avec les Iraniens pour éviter qu’il y ait une dérive trop grave. Donc je reste encore un peu optimiste sur le sujet avec beaucoup de volonté d’aboutir.

Q - Est-il vrai que l’ambassadeur d’Algérie revient ?

R - Oui. C’est une bonne nouvelle. Il revient je crois que c’est aujourd’hui…

Q - Et pourquoi ? Quelles sont les raisons, que dit l’Algérie ?

R - Je me suis rendu à Alger - comme vous le savez - au mois de décembre. Nous avons eu avec les Algériens au cours des derniers mois quelques malentendus. C’est déjà arrivé, il y a toujours eu des difficultés à un moment donné ou à un autre mais on a toujours pu les résoudre. Et je me suis rendu à Alger, j’ai été reçu longuement par le Président Tebboune. Nous sommes dans une volonté de relance du partenariat avec l’Algérie. Nous avons une histoire commune faite de complexité, de souffrances. Il faut dépasser cela et reprendre ensemble le chemin des discussions. Nous avons des discussions sur les questions migratoires, nous avons des discussions sur les questions économiques, nous avons des discussions sur l’environnement de l’ensemble de la région, sur les enjeux méditerranéens. Donc tout ça est très positif. Moi je me réjouis que l’ambassadeur d’Algérie revienne à Paris, cela va permettre de continuer ce travail en commun que nous avons interrompu à un moment donné mais qui est en train de reprendre.

(…)./.

Russie-Ukraine - Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

(Paris, 5 janvier 2022)

Je me suis entretenu avec mes homologues allemand, Mme Annalena Baerbock, italien, M. Luigi Di Maio, et polonais, M. Zgibniew Rau, qui exerce notamment la présidence de l’OSCE depuis le 1er janvier, ainsi qu’avec le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne, M. Josep Borrell, pour évoquer les tensions actuelles avec la Russie et le dossier ukrainien. Ces échanges sont intervenus dans la continuité des discussions conduites le 29 décembre avec les ministres des affaires étrangères américain, allemand et britannique.

J’ai souligné l’importance d’une coordination étroite entre Européens en amont des discussions prévues avec la Russie dans différents formats dans la semaine à venir, ainsi que dans la perspective de la réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne que j’accueillerai à Brest les 13 et 14 janvier prochains dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. J’ai insisté à cet égard sur la responsabilité des Européens de contribuer et de participer activement, par des propositions concrètes, à la préparation et à la conduite de ces discussions avec la Russie qui mettent en jeu leurs propres intérêts de sécurité. Un dialogue exigeant avec la Russie, sur la base des paramètres que nous jugeons conformes à nos intérêts collectifs de sécurité, est utile et nécessaire pour renforcer la stabilité stratégique en Europe.

J’ai rappelé à mes différents interlocuteurs, comme l’avaient exprimé les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne lors du Conseil européen de décembre 2021 que toute nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère en réponse, y compris des mesures restrictives coordonnées avec des partenaires. Nous poursuivons à cet égard une coordination étroite entre Européens, et dans le cadre de la relation transatlantique.

J’ai enfin évoqué la poursuite des efforts de la France dans le cadre du Format Normandie pour aboutir à une désescalade des tensions dans et autour de l’Ukraine et pour avancer vers la mise en œuvre des accords de Minsk, qui demeurent la seule base agréée d’une solution durable à la crise ukrainienne. Notre mobilisation avec l’Allemagne pour y parvenir reste entière et se poursuivra dans les jours et les semaines à venir.

publié le 10/01/2022

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