La Royal Society

Téléchargez ci-dessous le dossier spécial du numéro de Juillet / Août 2006 des Actualités Scientifiques au Royaume-Uni.

PDF - 290.5 ko
La Royal Society
(PDF - 290.5 ko)

JPEGFondée à Londres en 1660, The Royal Society est une institution destinée à la promotion des sciences. Académie des sciences indépendante du pouvoir politique, elle remplit trois fonctions :
- elle donne son avis sur toutes les questions qui concernent la science au Royaume-Uni, et joue un rôle de conseil auprès du gouvernement ;
- société savante, elle s’attache à diffuser les connaissances scientifiques, en particulier à travers la publication de journaux prestigieux ;
- elle est un puissant organisme de financement de la recherche, des échanges et de l’excellence.
Ses principaux objectifs sont d’encourager la recherche scientifique de haut niveau, de faciliter la communication entre scientifiques du monde entier, et de promouvoir le rôle de la science dans la société moderne.

1. Historique

La Royal Society est la plus ancienne académie des sciences en Europe (rappelons qu’en France l’Institut est officiellement crée en janvier 1699). Elle trouve son origine dans les réunions informelles organisées dans les années 1640 par un petit groupe de savants parmi lesquels figuraient Christopher Wren, Robert Boyle, John Wilkins, Robert Moray et William Brouncker. La « nouvelle philosophie » était le cœur de leurs débats.

Unis par la conviction que l’expérience est le meilleur moyen d’établir une vérité scientifique, ils créent le 28 novembre 1660 le « Collège pour la promotion de la physique-mathématique expérimentale ». Près de deux ans plus tard, le roi Charles II accorde par charte un statut officiel à la société qui devient The Royal Society of London for improving National Knowledge. Le 20 mai 1663, 150 membres sont élus, élargissant ainsi le noyau initial. La devise choisie pour la Royal Society, Nullius in Verba, rappelle la volonté de ses savants de n’accepter pour vérité scientifique que ce qui peut être établi par l’expérience, et en aucun cas ce qui n’aurait pour seule base que l’autorité d’une personne.

De ces toutes premières années de la Royal Society datent également les prestigieuses Philosophical Transactions, la seule revue savante dont la parution est restée ininterrompue depuis plus de trois siècles.

2. Structure et gouvernance

La Royal Society compte 1 284 membres, les Fellows, qui sont élus à vie par les autres membres. Elle rassemble des scientifiques du Royaume-Uni, d’autres pays du Commonwealth et de la République d’Irlande qui sont autorisés à faire suivre leur nom des initiales FRS pour indiquer leur appartenance. Vingt prix Nobel figurent aujourd’hui parmi les membres nationaux. La Royal Society accueille également des membres étrangers, actuellement au nombre de 132, dont 42 prix Nobel.

La direction de cette institution est assurée par un conseil de 21 Fellows, dont 5 officiers honoraires : le président, le trésorier, deux secrétaires (l’un appartenant au champ des sciences physiques et mathématiques, l’autre à celui des sciences de la vie) et un secrétaire aux affaires extérieures.

En décembre 2005, Lord Rees of Ludlow a été élu président pour une période de 5 ans. Astronome de la Reine depuis 1995, il est le « master », ou directeur, de Trinity College, à l’Université de Cambridge.

2.1 Le financement de la Recherche

Il s’agit d’une des missions essentielles de la Royal Society qui reçoit chaque année environ 30 millions de livres (environ 44 millions d’euros) du Department of Trade and Industry (DTI) sous la forme d’une Parliamentary Grant In Aid. Pour 2005-2006, cette somme s’élève à 36 millions de livres (soit près de 52 millions d’euros). Vingt millions de livres supplémentaires (soit près de 30 millions d’euros) sont versés par l’industrie et divers donateurs.

JPEG - 30.7 ko
Allocations des subventions issues du Department of Trade and Industry
Source : Royal Society
JPEG - 23.6 ko
Allocations des fonds d’origine privée
Source : Royal Society

Près de 80 % de ce budget total de 56 millions de livres (environ 82 millions d’euros) sont consacrées à soutenir les scientifiques de haut niveau. Les activités financées visent au développement et au transfert de compétences, à la consolidation et à l’amplification des perspectives de carrière pour les chercheurs, et à la promotion de l’excellence.
La Royal Society dispose de plusieurs programmes, bourses de courte et de longue durée, pour des jeunes chercheurs ou pour des seniors, limitées aux ressortissants britanniques ou ouvertes aux étrangers.

Plus de 1 600 des meilleurs scientifiques du Royaume-Uni bénéficient du soutien de la Royal Society chaque année. Signalons qu’environ 400 jeunes chercheurs considérés comme particulièrement prometteurs, ainsi que 17 professeurs - chercheurs seniors, sont entièrement rémunérés par la Royal Society.

Des bourses spéciales ont été mises en place afin de permettre à des scientifiques du Royaume Uni d’amorcer des collaborations et d’enrichir leur expérience au contact de chercheurs de haut niveau reconnus internationalement (Joint Projects Grants, Networking Scheme, et Short Visits Grants).

De manière similaire, des financements spécifiques ont été mis en place pour les chercheurs de certains pays asiatiques et des Etats-Unis qui désirent séjourner au Royaume-Uni.

2.2 Un rôle de conseil en matière de politique et d’éducation scientifique au Royaume-Uni

La Royal Society entend jouer un rôle important dans les choix scientifiques du Royaume-Uni. Elle émet régulièrement des avis auprès du gouvernement et des responsables en matière de politique scientifique, et s’efforce de développer son influence dans le monde politique et dans la société.

Ses avis concernent surtout deux thèmes : l’impact de la science dans la société et l’enseignement des sciences. La Royal Society émet des avis sur des sujets aussi divers que le financement de la recherche universitaire, les droits de propriété intellectuelle en matière de recherche scientifique, les cultures d’organismes génétiquement modifiés (OGM), le changement climatique ou les nanotechnologies.

Considérant que ce travail ne peut porter que très peu de fruits si elle ne réussit pas à se faire écouter par le gouvernement, la Royal Society a mis en place une stratégie pour devenir et rester un interlocuteur respecté. Plusieurs sortes d’événements et de programmes sont organisés dans ce but.

Elle a ainsi créé une structure intitulée Scientists in Parliament qui permet à un député et à un scientifique, placés en « binôme », de chacun mieux connaître les activités de l’autre. Le chercheur est invité à passer une semaine à Westminster, et à suivre les activités du député jusque dans sa permanence, tandis que le politique a la possibilité de se familiariser avec les réalités de la paillasse en se rendant dans le laboratoire du chercheur, et peut mieux connaître les réalités de l’administration de la recherche à la Royal Society.

3. La promotion du savoir scientifique

Depuis sa création, la Royal Society s’est donné pour tâche de diffuser les découvertes scientifiques et de promouvoir la science au travers de sa publication la plus célèbre, les Philosophical Transactions. Aujourd’hui, elle publie sept journaux reconnus internationalement pour leur haut niveau scientifique et qui couvrent les différents domaines, ainsi que l’histoire des sciences :
- Biology Letters, qui publie des articles courts ;
- Journal of Royal Society Interface, une publication interdisciplinaire qui privilégie la recherche au croisement des sciences physiques et de la vie ;
- Notes and Records of The Royal Society, consacré à l’histoire de sciences ;
- Philosophical Transactions A et Philosophical Transactions B, car la publication a dû être divisée en raison de la richesse de la documentation. Les premières reprennent les notes des discussions et des communications qui ont lieu à la Royal Society sur les mathématiques, la physique et les sciences de l’ingénieur, les secondes celles portant sur la biologie ;
- Proceedings of the Royal Society A, qui publie des articles en mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur ;
- Proceedings of the Royal Society B, qui publie des articles en sciences de la vie.

Dans l’ensemble des documents officiels publiés par la Royal Society ces dernières années, revient constamment l’affirmation que la science est une partie vitale de la société et de la culture dans le monde contemporain, et que, par conséquent, elle ne peut se développer pleinement sans l’appui de l’ensemble de la communauté. Au cœur des activités de la Royal Society pour la diffusion de la science, on trouve donc la conviction qu’il est essentiel d’amener le public non spécialisé à s’informer et à participer aux débats autour des sciences et des dernières découvertes. Pour cela, elle a développé toutes sortes d’outils afin de donner l’occasion, et aussi les moyens, aux scientifiques de communiquer avec les publics les plus larges.

Un programme très important, intitulé Science and Society, a ainsi vu le jour en 2000, à la suite des controverses suscitées par la crise de la vache folle et le développement des OGM. Plusieurs rapports sur des questions sensibles ont été publiés et des débats organisés autour de thèmes tels que la confiance que l’on peut accorder aux scientifiques, la génétique et la santé, la sécurité de l’information à l’âge de l’Internet et des télécommunications. Signalons que la Royal Society a bénéficié d’un million de livres (environ 1,4 million d’euros) de don de la part de la Fondation Kohn en soutien à cette initiative.

Par ailleurs, un travail de fond a été mené avec les media, qui sont aujourd’hui un relais efficace de toutes ces activités (voir également le dossier spécial paru dans les Actualités Scientifiques du Royaume-Uni du mois de septembre 2005).

Les trois études les plus importantes lancées récemment par la Royal Society portent sur :
- la pandémie de la grippe aviaire (étude démarrée le 1er mars 2006) ;
- l’effet des technologies de l’information et de la communication sur la santé et les soins (étude démarrée dans la deuxième moitié de 2005) ;
- l’enseignement de la science et ses enjeux économiques aujourd’hui (étude lancée en octobre 2005 et qui doit durer neuf mois).

4. Les programmes de collaboration internationale

La Royal Society place les collaborations internationales parmi ses priorités, et offre des financements spécifiques pour soutenir les échanges entre chercheurs britanniques et chercheurs étrangers de haut niveau. Des liens particulièrement forts se sont développés avec plusieurs régions du monde et des partenariats sont aujourd’hui en place avec la Chine, l’Afrique du Sud, les Etats-Unis et l’Inde.

La Royal Society a organisé avec l’Académie des Sciences et la Fondation pour les Sciences Naturelles chinoises une très importante conférence sur l’hydrogène et les piles à combustibles en mars 2004. Elle participe activement au programme Co-Reach, lancé en mai 2005, qui se propose de promouvoir les collaborations entre l’Europe et la Chine dans tous les domaines de recherche (les sciences humaines en font en effet aussi partie, la British Academy étant l’un des deux partenaires britanniques).

Par ailleurs, la Royal Society insiste beaucoup sur les nombreuses initiatives qu’elle a mises en place pour renforcer les liens entre chercheurs britanniques et chercheurs américains, sud-africains, indiens ou russes. Une conférence rassemblant 70 jeunes chercheurs du Royaume-Uni et des Etats-Unis s’est tenue à Cambridge en juin 2004. Un colloque sur les cellules souches a rassemblé en avril 2005, à Bangalore, dix chercheurs britanniques et trente chercheurs indiens. Des « journées » consacrées aux liens avec la Russie et l’Afrique du Sud ont également été organisées, fédérant une assistance nombreuse (souvent plus de cent participants), et posant les premières pierres de nouvelles initiatives communes.

Auteur : Mariana Saad


Sources : Royal Society, www.royalsoc.ac.uk ; Department of Trade and Industry, www.dti.gov.uk

publié le 27/11/2007

haut de la page