Le Royaume-Uni multiplie les financements dans le secteur des voitures électriques

L’automobile est un secteur clé de la transition économique et environnementale vers un marché vert et durable. Les transports routiers comptent à eux seuls pour 22% des émissions totales de dioxyde de carbone au Royaume-Uni [1]. Parmi les objectifs britanniques de réduction des émissions, avec en vue les cibles de l’horizon 2020, figure l’augmentation de la flotte des véhicules électriques et hybrides. Afin de transformer ces idées en réalité, le gouvernement a récemment renforcé les mesures visant à soutenir la recherche dans le domaine des voitures électriques, notamment par le biais d’investissements diversifiés.

Au niveau international, l’Union Européenne a passé des accords avec les principaux constructeurs automobiles visant à réduire toujours plus les émissions des nouveaux modèles, et on peut désormais comparer la quantité de CO2 émise à l’aide d’étiquettes de couleur. Cependant, avec un trafic routier en hausse constante, il est impératif de trouver des solutions toujours plus innovantes et viables pour limiter au maximum la contribution importante de l’automobile sur les émissions de gaz à effet de serre.

C’est dans cette optique de développement que le gouvernement britannique a annoncé début septembre 2012 l’ouverture d’un centre de R&D sur le stockage de l’énergie (UK Energy Storage R&D Centre). Financé à la fois par le gouvernement (9 M£ investis) et par des acteurs industriels (4 M£), ce centre est destiné à favoriser la recherche sur les batteries électriques et hybrides, afin de répondre à un marché croissant (estimé récemment à 250 M£ pour le Royaume-Uni d’ici 2020). La création de ce centre s’inscrit dans les engagements gouvernementaux de financement de l’industrie des voitures électriques, avec la promesse d’un investissement à hauteur de 400 M£ au cours des quatre prochaines années.

Situé au sein du nouveau High Value Manufacturing Catapult Centre (HMV Catapult) à l’Université de Warwick, le UK Energy Storage R&D Centre bénéficiera de l’expertise mondialement reconnue des laboratoires de recherche en électrochimie présents sur le site. Le HMV Catapult fournit également des compétences intégrées, et réunit de nombreuses technologies de fabrication utilisant du métal, des matériaux composites, ou encore des bioprocédés.

Le centre de recherche se focalisera sur le développement de nouvelles batteries haute performance pour les véhicules électriques et hybrides. Ces batteries seront destinées à être plus économiques et stables que les modèles actuellement disponibles sur le marché, tout en permettant de fournir des niveaux de densité d’énergie plus élevés. Les travaux du centre seront dans un premier temps axés sur la priorité immédiate que représentent les batteries pour les véhicules à faibles et ultra-faibles émissions de carbone. Le centre pourra par la suite étendre les recherches sur le stockage d’énergie pour d’autres applications de transport, telles que les véhicules commerciaux et non-routiers, ferroviaires, marins et éventuellement d’autres technologies telles que les piles à combustible.

La création de ce centre a été accueillie avec enthousiasme par les différents acteurs gouvernementaux et industriels, tels que le secrétaire d’Etat à l’industrie Michael Fallon, le Directeur des programmes d’innovation au Technology Strategy Board (TBS, Agence de l’innovation) David Bott, ou encore Jerry Hardcastle, président de Groupe chez Nissan Motor Company. Tous ont salué l’importance de ce nouveau centre, ainsi que l’impact qu’il pourra avoir sur la position du Royaume-Uni au sein du marché grandissant des véhicules à faibles émissions de carbone, aux côtés de leaders mondiaux tels que les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne. Michael Fallon a déclaré que "cet établissement aidera à accélérer le développement de batteries pour la nouvelle génération de véhicules, et représente un investissement vital dans l’avenir du secteur automobile. Il complète plus de 5,5 Md£ investis par des constructeurs automobiles du monde entier dans de nombreux projets britanniques au cours des 18 derniers mois."

Fin juillet 2012, un investissement de 56 M£ avait également été annoncé par le conseil britannique de l’automobile (UK Automotive Council), afin de soutenir le développement et la démonstration de technologies permettant de réduire les émissions de carbones liées aux transports routiers, et de faciliter la commercialisation de véhicules à faible consommation. Plus de 27 M£ d’argent public provenant du Technology Strategy Board, et de l’Office for Low Emission Vehicle, accompagnés de 29 M£ de financements privés, permettront la mise en place de 17 projets de recherche, de développement et de validation. Bien que principalement dirigés par des grands noms de l’industrie automobile tels que Ford, Jaguar, Land Rover et Nissan, ces projets impliquent également de nombreuses entreprises plus modestes.

Il ne fait aucun doute que le gouvernement britannique mise sur une recherche performante au sein de ces laboratoires afin de permettre au Royaume-Uni de se placer en leader dans le domaine des voitures électriques. Cette stratégie permettrait au pays à la fois de réduire sa propre consommation de carbone et de faciliter la transition vers un trafic routier écologiquement viable, mais également d’exporter ses connaissances auprès d’acteurs moins compétents dans ce domaine.

Il faut cependant se montrer prudent vis-à-vis des véhicules électriques, et ne pas oublier que cette technologie ne représente à ce jour qu’un pari sur l’avenir de l’automobile. Outre les soucis environnementaux liés à la fabrication de voitures électriques, encore récemment mis en lumière par une étude de l’Université norvégienne de Science et Technologie , un scepticisme quant à la viabilité économique des voitures électriques se répand de plus en plus chez les constructeurs automobiles. Ainsi, Toyota a par exemple annoncé mettre l’accent sur la technologie hybride, rejoignant l’avis exprimé par Honda que le modèle électrique ne correspond ni à la demande ni aux capacités de la société actuelle. Une découverte majeure dans la technologie des batteries pourrait éventuellement changer la donne, reste à savoir si l’UK Energy Storage R&D Centre permettra effectivement de fournir de telles innovations.

Pour en savoir plus, contacts :

[1] http://www.environmental-protection.org.uk/transport/car-pollution/

Sources :

- Automotive Council, Press Release 05/09/2012, "Multi-million boost for UK electric vehicle battery technology", http://bit.ly/TNLg4K
- Automotive Council, Press Release, 24/07/2012, "£56 million investment will drive introduction of low carbon vehicles", http://bit.ly/VVxuuA
- BBC, 05/10/2012, "Electric cars ’pose green threat’", http://bbc.in/UjQIyL
- MIT Technology Review, 25/09/2012, "Toyota Scales Back Electric Vehicle Plans", http://bit.ly/VEk0oD
- Autocar.co.uk, "Honda : ’Electric cars not viable’", http://bit.ly/SFsx8n

Rédacteurs :

Eliette Riera

publié le 06/12/2012

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