Le destin des centres de nanotechnologie britanniques et autres mesures budgétaires
Lors du discours du trône du 25 mai 2010, marquant le début de la nouvelle législature et détaillant le programme du nouveau gouvernement de coalition entre conservateurs et libéraux démocrates, la Reine a rappelé que la priorité du gouvernement britannique était de réduire la dette publique et de restaurer la croissance économique du pays. Des chiffres publiés par l’office national des statistiques (ONS, Office for National Statistics) le 20 juillet 2010, montrent que la dette nette du secteur public, exprimée en pourcentages du PIB, était de 63,9% à la fin juin 2010, contre 57,3% à la fin juin 2009, ce qui correspond à 926,9 Md£ en juin 2010 contre 797,5 Md£ un an plus tôt. Dans ce climat d’austérité, il est pressenti que la plupart des budgets ministériels vont être réduits de 25 à 40%, et le budget pour la science ne fera pas exception à la règle
Lors de ses précédentes interventions depuis sa nomination en tant que ministre pour la science et les universités, David Willets n’a fait aucune déclaration tangible. Il semblerait toutefois qu’après consultation avec les sociétés savantes britanniques, et notamment avec la Royal Society, celui-ci ait enfin indiqué au Treasury (ministère de l’économie et des finances) les domaines de recherche dans lesquels pourraient s’effectuer des coupes budgétaires. C’est au cours du premier débat public, depuis les élections de mai, du Science and Technology Committee de la Chambre des Communes, que David Willets a annoncé une série de mesures qu’il entend mettre en oeuvre afin de contribuer à la réduction de la dette publique britannique.
1. Les centres de nanotechnologie
Lorsque les cinq derniers centres de nanotechnologie ont ouvert leurs portes en 2006, le ministre britannique pour la science de l’époque, Lord Sainsbury, affirmait que le Royaume-Uni venait de se doter d’un réseau d’infrastructures de pointe qui allait permettre à l’industrie de considérablement exploiter les nanotechnologies et toutes leurs applications économiques potentielles. Quatre ans plus tard cepdendant, le 23 juillet 2010, David Willets a annoncé qu’il était très peu probable que les 24 centres de nanotechnologie répartis dans tout le pays soient encore opérationnels dans les 18 prochains mois. Il est dorénavant du ressort du Technology Strategy Board (TSB, conseil pour la stratégie technologique) de considérer les centres au cas par cas, à l’échelle régionale.
2. Les agences de développement régionales
David Willetts a de plus exprimé son inquiétude concernant le fractionnement des ressources par région, inquiétude qui s’inscrit dans la volonté du gouvernement de coalition de supprimer les agences de développement régionales (RDA, Regional Development Agencies). Les RDA ont été établies par les travaillistes, directement après leur arrivée au gouvernement, et les conservateurs ainsi que les libéraux démocrates affirment qu’elles coûtent trop cher à l’Etat et que leur travail est souvent redondant. Ils suggèrent de les remplacer par de nouveaux partenariats locaux d’entreprises (LEP, Local Enterprise Partnerships), qui permettraient de rapprocher les gouvernements locaux et les entreprises.
3. Recherche fondamentale et centres d’innovation
Si des coupes budgétaires sont inévitables, David Willetts a cependant exprimé sa détermination à protéger la recherche dite "blue skies" (recherche extrêmement fondamentale pour laquelle aucune application n’est envisagée), et il prévoit d’effectuer une analyse rigoureuse des secteurs de la recherche scientifique qu’il convient de préserver au maximum, sans se contenter de dresser une liste de sujets dits "à la mode", tels les biotechnologies ou l’espace. Le ministre a également insisté sur la nécessité de renforcer les liens entre la communauté universitaire et l’industrie, suggérant que les centres allemands de technologie et d’innovation, les centres Fraunhofer, servent de modèle à des centres similaires qu’il conviendrait de développer au Royaume-Uni. Ceci rejoint l’étude menée par Hermann Hauser et présentée dans le BE Royaume-Uni 104 (1/07/2010) [1].
4. Investissement privé dans la R&D
Enfin, dans ce premier discours à la Chambre des Communes au cours duquel le ministre a finalement donné quelques lignes conductrices concernant les mesures budgétaires envisagées pour la recherche scientifique, celui-ci a également plaidé en faveur d’un accroissement de l’investissement privé dans le secteur de la recherche et du développement, et il a indiqué que le ministère allait explorer la possibilité de mettre en place des avantages fiscaux.
Pour en savoir plus :
[1] "Les centres de technologie et d’innovation au Royaume-Uni" - BE Royaume-Uni 104 (1/07/2010) : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63873.htm
Sources :
BBC News, 23/07/2010, http://www.bbc.co.uk/news/uk-politics-10728357
Auteur : Dr Maggy Heintz