Publication des statistiques des émissions de gaz à effet de serre du Royaume-Uni pour l’année 2009

Le Department of Energy and Climate Change (DECC, ministère de l’énergie et du changement climatique) a dévoilé le 1er février les statistiques relatives aux émissions de gaz à effet de serre (GES) par le Royaume-Uni au cours de l’année 2009. Les chiffres révèlent une baisse significative de 8,7% par rapport à 2008, s’établissant à 566,3 MtCO2e de GES rejetées dans l’atmosphère.

Les gaz comptabilisés dans ces statistiques sont les six composantes du panier de GES défini par le protocole de Kyoto : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), les hydrofluorocarbures (HFC), les perfluorocarbures (PFC), et l’hexafluorure de soufre (SF6). Les émissions de chacun de ces composés sont converties en équivalent CO2 en les pondérant par leur potentiel de réchauffement global [1]. Le périmètre géographique pris en compte pour l’élaboration de ces statistiques correspond au Royaume-Uni et aux Dépendances de la Couronne (île de Man et îles Anglo-Normandes). Il ne s’agit donc pas de la même aire que celle utilisée pour définir les budgets carbone (qui se limite au seul Royaume-Uni).

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Les chiffres fournis représentent des émissions "nettes", c’est-à-dire que des émissions négatives induites par des puits de carbone sont également comptabilisées. Répondant à des critères fixés par la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), la nature de ces puits relève principalement de la gestion des forêts. Par ailleurs, les rejets de GES sont imputés à leur source et non pas à l’utilisateur final : ceux occasionnés par une centrale électrique seront, par exemple, attribués à la production d’énergie et non au consommateur. Enfin, il convient de remarquer que les émissions dues au trafic aérien et maritime international sont comptabilisées à part et n’entrent pas dans cette mesure des rejets du Royaume-Uni.

En ce qui concerne les émissions totales de GES par le pays, elles ont décru dans tous les secteurs entre 2008 et 2009, comme le montre la figure 1. Cette diminution est le résultat de deux facteurs principaux :
- la crise économique (contraction du PIB de 5% au cours de l’année 2009) qui a entraîné une réduction de la demande en énergie de la part des entreprises, et une diminution des émissions dues au transport terrestre de marchandises ;
- l’augmentation de la part du nucléaire dans la production d’électricité, au détriment du gaz naturel et du charbon.

Les postes d’émissions de GES les plus importants au Royaume-Uni en 2009 sont la production d’énergie (35%), les transports (22%), l’activité des entreprises (15%) et le secteur résidentiel (14%).

Les statistiques publiées par le DECC déclinent également l’évolution des émissions anthropogéniques des principaux GES du panier de Kyoto dont est responsable le Royaume-Uni. Celles-ci sont résumées dans le tableau 1.

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Les figures 2, 3 et 4 représentent respectivement les évolutions, sur la période 1990-2009 des émissions par le Royaume-Uni de CO2, de CH4 et de N2O, ainsi que les sources qui en sont responsables. Le CO2 étant très majoritaire dans les rejets du pays, il n’est pas surprenant que l’allure de la figure 2 soit similaire à celle de la figure 1, avec des contributeurs aux rejets de GES quasiment identiques. En ce qui concerne les deux autres gaz, il est intéressant de noter le rôle majeur, et relativement constant, de l’agriculture en tant que secteur émetteur de CH4 et de N2O.

Comme stipulé dans une directive de la CCNUCC, les émissions provenant du transport international aérien et maritime ne sont pas prises en compte dans les statistiques nationales britanniques. Ce n’est pas individuellement, mais à travers l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale et l’Organisation Maritime Internationale que les pays faisant partie de la CCNUCC oeuvrent pour leur diminution. Cependant, une estimation de la valeur est tout de même fournie à partir des quantités de fuel fournies aux avions et navires dans les aéroports et les ports britanniques. Celle-ci est donnée dans le tableau 2.

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La publication par le DECC de ces statistiques entraîne forcément une question : où en est le Royaume-Uni par rapport à ses objectifs environnementaux ? Dans le texte de loi Climate Change Act, le pays s’engage, entre autres, à diminuer ses émissions de GES d’au moins 34% entre 1990 et 2020. Force est de constater qu’avec une baisse de 26,4% entre 1990 et 2009, l’objectif semble réalisable si les efforts se poursuivent. Toutefois, la conjoncture économique particulière de l’année 2009 a joué un rôle important dans les résultats de l’année sur le front des émissions de GES. Il reste donc à constater à quel point le retour de la croissance en 2010 aura eu un impact sur les rejets atmosphériques du pays. Quoi qu’il en soit, il semble impératif de continuer à faire une place de plus en plus importante aux sources renouvelables dans le mix énergétique, à chercher à diminuer la demande en énergie (notamment via l’isolation des bâtiments) pour que croissance économique ne rime pas avec augmentation des émissions. Ainsi que le souligne Chris Huhne, le ministre du DECC, la politique du gouvernement semble bel et bien aller dans ce sens avec la réforme en cours du marché de l’électricité, la mise en place d’un fonds d’investissement vert et du Green Deal [3].

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[1] Potentiel de réchauffement global : mesure de la contribution d’un gaz au réchauffement climatique relativement à celle du CO2. Cette grandeur dépend notamment de l’absorption des rayonnements infrarouges par le gaz considéré et de sa durée de vie dans l’atmosphère.

[2] Fuites de méthane : elles correspondent à des rejets dans l’atmosphère tout au long du cycle d’exploitation du gaz : extraction, transport, traitement et distribution.

[3] Green Deal : mesures destinées à améliorer l’efficacité énergétique des habitations, des bâtiments publics ou d’entreprises sans que le consommateur paye les coûts initiaux des installations. Les fonds nécessaires proviendront d’une installation charge sur les factures.


Sources :
- DECC News, 01/02/2011, http://redirectix.bulletins-electroniques.com/R915E
- DECC, 01/02/2011, "UK climate change sustainable development indicator : 2009 greenhouse gas emissions, final figures", http://redirectix.bulletins-electroniques.com/lTW77
- UN Statistics Division, National Accounts Main Aggregates Database, http://unstats.un.org/unsd/snaama/introduction.asp


Auteur : Joël Constant

publié le 21/03/2011

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