> Le Carbon Trust met au point une nouvelle méthodologie de calcul des émissions de Gaz à Effet de Serre

Le 16 mars 2007, le Carbon Trust a lancé officiellement une nouvelle méthodologie à destination des entreprises pour le calcul des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) d’un produit. Cette méthode s’accompagne d’un label environnemental permettant d’éclairer les choix de consommation de la population britannique dans le contexte du changement climatique avéré. La méthodologie de calcul proposée par le Carbon Trust s’appuie sur une approche comparable à l’Analyse de Cycle de Vie, outil utilisé depuis quelques décennies dans l’industrie afin de réaliser un bilan global des impacts environnementaux liés à un produit.

Le Carbon Trust est un organisme privé qui accompagne les entreprises et le secteur public afin de réduire leurs émissions de CO2 et de réaliser leur transition vers des technologies à faibles émissions de GES.

Ce nouvel outil permet le passage d’une évaluation du bilan carbone d’un produit au niveau d’une entreprise à une évaluation sur l’ensemble du cycle de vie du produit. En effet, en 2003, le Carbon Trust avait déjà développé une technique de gestion des émissions de CO2, permettant aux entreprises de cibler et réduire en interne leurs émissions de CO2. La nouvelle méthodologie est donc utilisable sur un groupe d’entreprises liées par le cycle de vie d’un produit, de la production et extraction des matières premières, à la fabrication du produit et enfin sa destruction (les émissions liées à l’utilisation du produit par le consommateur ne sont pas prises en compte car elles sont très variables).

Une analyse en cinq étapes

En bref, la méthodologie du Carbon Trust suppose l’identification et le chiffrage des émissions de GES associées à chacune des activités au sein de chaque étape de la chaîne logistique (supply chain), mais aussi l’attribution de ces émissions à chaque produit ou co-produit.
Finalement le Carbon Trust propose un processus d’évaluation en cinq étapes :

  • l’analyse globale des procédés : cette étape vise à identifier les matières premières nécessaires, les activités industrielles liées à la transformation de ces matières premières en produits finis, les déchets et co-produits de ces activités, les modes de stockage et de transport requis entre chaque niveau de la supply chain ;
  • la construction d’une cartographie complète des procédés de la supply chain (cf. Fig.1) : cette cartographie reprend les résultats de l’analyse précédente de façon schématique et claire (division de la supply chain en procédés unitaires ou unit processes avec des flux entrants et des flux sortants ;
JPEG - 45.4 ko
Exemple de cartographie complète des procédés
Source : Carbon Trust
  • la définition des limites pertinentes de la chaîne évaluée et l’identification des données chiffrées nécessaires au bilan de masse du produit et à l’évaluation du bilan carbone final ;
JPEG - 10.9 ko
Exemple de bilan de masse sur une activité
Source : Carbon Trust
  • la collecte des données primaires (données mesurées par l’entreprise en interne directement sur son procédé : par exemple, la consommation énergétique réelle liée à une activité) et secondaires (données obtenues à partir de standards ou d’évaluations d’origine externe à l’entreprise : par exemple, les standards d’émissions de CO2 liés à un procédé disponibles dans la littérature) ;
  • le développement d’un modèle spécifique de calcul des émissions de GES à chaque étape de la supply chain : cette étape suppose le calcul du bilan de masse du produit et la connaissance des émissions de GES associées à chaque unit process.

Les caractéristiques de cet outil

1) Les émissions de GES sont mesurées en kg et converties en équivalent CO2 selon des coefficients GWP (100-year global warming potential, pour potentiel de réchauffement climatique équivalent sur 100 ans) fournis par le GIEC (Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat).

2) La méthodologie du Carbon Trust vise à prendre en compte les sources d’émissions les plus significatives de la supply chain. L’objectif actuel est d’analyser les émissions générées par 90 % de la masse du produit.

3) Le calcul des émissions n’inclut pas les émissions de GES indirectement liées à la supply chain : par exemple, les émissions générées par le trajet des employés vers l’usine de fabrication du produit.

4) L’énergie nécessaire à la fabrication des équipements de production est exclue de l’évaluation car les émissions de GES associées sont négligeables une fois ramenées à chaque produit.

Un nouveau label

Par le biais de l’introduction d’un label, le Carbon Trust vise à influencer les modes de consommation afin de permettre :

  • aux consommateurs de différencier les produits en fonction de leur bilan carbone (Carbon Footprint) et ainsi influencer leur choix ;
  • aux consommateurs de comprendre quels sont les types de produits qui génèrent le plus d’émissions de GES ;
  • aux entreprises d’améliorer la performance environnementale de leurs produits (avec obtention éventuelle de « certificats verts » (green credentials) ;
  • aux entreprises de réaliser la transition vers des procédés à faibles émissions de GES.

Le rapport fourni en mars 2007 par le Carbon Trust résulte de plusieurs évaluations pilotes menées sur le terrain pendant une période totale de 18 mois. A plus long terme, le Carbon Trust souhaite l’améliorer continuellement jusqu’à en faire le standard unique de calcul du bilan carbone des produits manufacturés au Royaume-Uni. Dans cette optique, un groupe d’experts, le Technical Advisory Group (TAG), sera mandaté pour mener un processus de consultation auprès des entreprises et superviser les premiers essais de cette méthodologie dans le secteur industriel. Les entreprises Walkers (agro-alimentaire) et Boots (pharmacie et cosmétiques) se sont déjà portées volontaires pour appliquer cette méthodologie à leurs produits.

Auteur : Xavier Thierry


Sources : Carbon Trust, 15/05/2007, Carbon Footprint Measurement Methodology ; Carbon Trust, Carbon Reduction Label, 20/11/2006, http://www.carbontrust.co.uk

publié le 11/09/2007

haut de la page