> Un rapport sur les interactions entre la qualité de l’air et le changement climatique - avril 2007

Le 2 avril 2007, le groupe d’expert britannique sur la qualité de l’air (AQEG pour Air Quality Expert Group) a publié un rapport établissant l’importance des liens entre les polluants atmosphériques et le changement climatique. Ce rapport arrive quelques mois après la publication de la première partie du quatrième rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouver-nemental sur l’Evolution du Climat), « The Physical Science Basis », qui introduisait pour la première fois la notion d’interaction entre les Gaz à Effet de Serre (GES) et l’environnement.

Après la mise en place progressive de nombreuses réglementations nouvelles sur la pollution atmosphérique et grâce à certaines avancées technologiques (par exemple, le développement des filtres à particules pour les automobiles) lors des dix dernières années, la qualité de l’air a été largement améliorée au Royaume-Uni, comme dans beaucoup de pays développés. Cependant, les conséquences exactes du contrôle des polluants atmosphériques sur le changement climatique et la façon dont le changement climatique affectera la qualité de l’air ne sont pas encore parfaitement connues. C’est pourquoi le gouvernement britannique a commandité cette étude auprès de l’AQEG.

Air Quality Expert Group (AQEG)
L’AQEG est un organe public non-ministériel créé en 2001 afin de conseiller le gouvernement sur la thématique de la qualité de l’air, en particulier les polluants atmosphériques mentionnés dans l’« Air Quality Strategy for England, Scotland, Wales and Northern Ireland » et la directive européenne « Air Quality Framework Directive ». Cet organe a pour principales fonctions :
- de conseiller les ministres sur les niveaux, sources et caractéristiques des polluants atmosphériques au Royaume-Uni ;
- de comparer la qualité de l’air avec les objectifs établis par la « Air Quality Strategy » et la directive européenne ;
- d’analyser la tendance des concentrations en polluants atmosphériques ;
- d’évaluer les concentrations ambiantes actuelles et futures en polluants atmosphériques au Royaume-Uni ;
- de dégager des priorités pour les recherches futures dans le but d’améliorer la compréhension des différents procédés chimiques liés à la pollution atmosphérique.

Ainsi le rapport délivré par ce groupe d’expert dégage plusieurs conclusions plus ou moins alarmantes :

  • les techniques de contrôle des gaz précurseurs de l’ozone ou de particules aérosols peuvent avoir un impact non seulement sur la qualité de l’air mais également sur le changement climatique : par exemple, la mise en place d’un filtre à particule sur un véhicule diesel permet de réduire les émissions de particules aérosols, mais peut aussi diminuer le rendement du moteur, ce qui entraîne globalement une augmentation des émissions de CO2 ;
  • la multiplication des vagues de chaleur comme celle de 2003, en raison du changement climatique, devrait mener aussi à une augmentation du nombre d’épisodes de brouillards photochimiques (smog), à moins qu’une politique efficace de réduction des émissions de gaz précurseurs de l’ozone (les NOx, le CO, le méthane et les hydrocarbures imbrûlés) ne soit mise en place ;
  • il est nécessaire d’introduire ce phénomène d’interaction dans les évaluations d’impact environnemental réalisées dans l’industrie, le transport ou l’habitat ;
  • la majorité des mesures visant une réduction de la demande ou une amélioration des rendements d’une activité ou d’un produit bénéficieront à la fois à l’amélioration de la qualité de l’air et à la lutte contre le changement climatique ;
  • ces interactions doivent être prises en compte dans les politiques européenne, nationale et régionales.

Selon ce rapport, il existe quatre types d’interactions entre les mesures de réduction des émissions de polluants atmosphériques ou de GES et les impacts avérés sur la qualité de l’air ou le changement climatique :

  • une interaction gagnant/gagnant : par exemple, lorsque l’on a recours aux véhicules hybrides, cela diminue les émissions de CO2 par kilomètre, mais aussi celles des NOx ;
  • une interaction gagnant/perdant : l’utilisation de biocarburants pour usage domestique ou pour les voitures conduit à une réduction des émissions de CO2, mais peut causer une augmentation des émissions d’ammoniac et de Composés Organiques Volatiles (COVs) ;
  • une interaction perdant/gagnant : comme cité plus haut, la mise en place d’un filtre à particule peut diminuer le rendement du moteur et augmenter ses émissions de CO2 ;
  • une interaction perdant/perdant : le recours aux avions pour des vols courts courriers à la place du train, entraîne une augmentation des émissions de CO2, mais aussi de NOx et de particules aérosols.

Ce rapport, qui regroupe l’ensemble des derniers résultats des recherches britanniques sur la pollution atmosphérique pourrait représenter un élément prépondérant dans la révision de la UK Air Quality Strategy sur laquelle le Department of Environment, Food and Rural Affairs (Defra, le Ministère de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales) travaille depuis 2005.

Auteur : Xavier THIERRY


Source : Defra, News Releases, 02/04/07, http://www.defra.gov.uk/news

publié le 11/09/2007

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