> Conférence sur la situation énergétique et perspective de l’Ecosse - fev 2006
Le 7 février 2006s’est tenu à Glasgow, la Scottish Energy and Environment Conference (SEEC). Cette conférence a permis de cerner la situation énergétique écossaise ainsi que la politique énergétique de l’exécutif écossais, qui sont toutes les deux légèrement différentes de celles de l’ensemble du Royaume-Uni. Les deux grandes lignes de la politique du gouvernement écossais sont l’utilisation accrue des énergies renouvelables et les économies d’énergie.
Au niveau des énergies renouvelables, l’Ecosse bénéficie de ressources naturelles impressionnantes à l’échelle de l’Europe. En 2005, 1 GW d’électricité produite en Ecosse est d’origine renouvelable (hydraulique et éolien). Les objectifs du gouvernement écossais concernant la part de l’électricité provenant des sources d’énergie renouvelables pour 2010 sont de 18 %, soit 3 GW installés (contre 10 % pour tout le Royaume-Uni) et pour 2020 : 40 % , soit une capacité de 6 GW. Ses objectifs sont très ambitieux mais l’essentiel des intervenants scientifiques et industriels présents à la SEEC ont annoncé que, malgré quelques défis à affronter, ces objectifs devraient être réalisés. Pour les atteindre, trois types de sources sont prévues : l’énergie éolienne, l’énergie marine et l’énergie hydraulique.
L’énergie éolienne en Ecosse représente, en 2005, la moitié de la capacité éolienne britannique. Cette tendance n’est pas prête de s’arrêter car les Ecossais sont des ardents supporters de ce type d’énergie. Selon une étude publiée par le Dr Robin Wallace de l’Université d’Edinbourg, il est possible d’installer en Ecosse, 6 GW d’éoliennes onshore et 3 GW offshore. D’après les scientifiques présents, l’énergie éolienne n’est pas intermittente, elle est variable mais prédictible 6-24h à l’avance et « le vent souffle toujours quelque part en Ecosse ». Les intervenants prônent donc la dispersion des parcs éoliens sur l’ensemble du territoire et une connexion efficace de ceux-ci au réseau. La décentralisation de la production d’électricité devrait aussi améliorer la relation entre la production et la demande énergétique locale.
L’énergie marine est considérée comme le secteur du futur en Ecosse. Pour le moment uniquement au stade de la recherche, le gouvernement écossais veut mettre en place des Renewable Obligation Certificates afin d’encourager ce type d’énergie une fois commercialisable. La recherche sur l’énergie des vagues est, quant à elle, très avancée : la compagnie Ecossaise Ocean Power Delivery va construire le premier parc commercial mondial utilisant l’énergie des vagues au Portugal (voir les « Actualités scientifiques au Royaume-Uni » d’octobre 2005 p. 36). L’Ecosse espère bien devenir le leader mondial pour ce type d’énergie. L’énergie des courants marins et marémotrice sont aussi considérés en Ecosse mais leur potentiel dans le pays est inférieur à celui des vagues. Le Dr Wallace estime qu’il est possible d’installer 3 GW de parcs utilisants l’énergie des vagues et 1 GW de parcs utilisant celle des courants marins.
Concernant l’énergie hydraulique, le gouvernement écossais a annoncé la construction d’un grand barrage. Ce type de barrage n’avait pas été construit depuis 50 ans en Ecosse.
Au niveau des économies d’énergie, les intervenants ont montré que la technologie était au point. En effet, des sources d’économie comme les chaudière à condensation, le contrôle d’éclairage, les détecteur de présence, les écrans LCD, l’exposition solaire du bâtiment lors de la conception, sont commercialisés, accessibles à tous et économiquement viables. Il reste donc à impliquer le public dans le processus de conservation car il en est l’acteur majeur.
A côté de ces grandes lignes, le gouvernement écossais supporte aussi le développement d’autres types d’énergie renouvelable (biomasse dans les zones rurales) et la microgénération (mini-éolienne). Il compte aussi proposer l’idée d’objectifs pour le secteur du chauffage au parlement britannique. Le secteur du chauffage est le seul secteur lié à l’énergie et aux émissions de gaz à effet de serre qui n’a pas de politique spécifique contrairement à l’électricité et au transport.
Concernant la révision de la politique énergétique, le gouvernement écossais tient à soutenir ses deux lignes principales (économie pauvre en carbone et conservation de l’énergie). Par ailleurs, les différents intervenants semblaient assez indifférents à la question de l’énergie nucléaire, qui représente actuellement la moitié de l’électricité produite en Ecosse. Selon eux, Les énergies renouvelables peuvent être couplées avec n’importe quel type de production conventionnelle que ce soit du charbon, du gaz ou de l’énergie nucléaire.
Auteur : Mathieu Daoudi