> Diminuer les émissions de carbone dans l’industrie agro-alimentaire - nov/dec 2005

L’industrie agro-alimentaire est très consommatrice d’énergie : cuisson, réfrigération et compression d’air. Avec pour objectif la réduction des émissions de CO2 de 60 % d’ici 2050 au Royaume-Uni, le secteur alimentaire va avoir un rôle assez important à jouer. Les équipes de chercheurs, provenant des universités de Nottingham, Bath, Bristol et Manchester, en partenariat avec des compagnies telles que Unilever, Nothern Foods, Hygrade Foods, Baxi Technology et CompAir, ont développé un projet, Carbon Vision, qui vise à diminuer la quantité de CO2 émise par l’industrie agro-alimentaire. Ce projet est financé par l’Engineering and Physical Sciences Research Council et l’Economic and Social Research Council à hauteur de 800 000 livres (environ 1,2 million d’euros). Il fait parti du large programme de recherche Carbon Vision pour la diminution globale des émissions de gaz à effet de serre.

Parmi les différentes approches envisagées, on peut citer la trigénération, à savoir la production combinée d’électricité, de chaleur et de froid. C’est un complément à la cogénération qui utilise l’une des énergies produites par cette dernière (électricité ou chaleur) pour alimenter une frigorifique : électricité pour une machine frigorifique à compression (frigidaire domestique), ou chaleur pour une machine frigorifique à absorption (production de froid industrielle). La trigénération utilisant la machine frigorifique à absorption semble la solution la plus intéressante pour l’industrie agro-alimentaire, car elle n’utilise pas directement l’électricité produite par la cogénération. Ce procédé peut avoir une efficacité (énergie produite par rapport à l’énergie fourni par le combustible fossile) de 90 %, contre 30-35 % pour un procédé classique de production d’électricité. Il réduit ainsi la quantité de combustible nécessaire et les émissions de CO2. Une des autres technologies considérées est l’utilisation de l’air en tant que fluide réfrigérant. Ceci permettrait d’importantes économies pour le chauffage et la réfrigération car, au contraire de l’eau, l’air est gratuit et les propriétés thermodynamiques de ce cycle sont très intéressantes. Cette technologie a été développée depuis plusieurs années mais n’a jamais été appliquée à l’échelle industrielle.

Un des défis que vont avoir à résoudre les chercheurs est l’acceptation de ces technologies par l’industrie qui y a été réfractaire pour des raisons sociales, organisationnelles et psychologiques. Néanmoins, grâce à la communication autour du changement climatique et du développement durable, les mentalités commencent à évoluer. Le consortium a l’intention d’éviter que ses propositions technologiques ne soient « bloquées ». Il va, pour cela, considérer, en plus de la technologie, une stratégie commerciale au niveau national.

Auteur : Mathieu Daoudi



Source : Université de Nottingham, press release, 03/11/05, www.nottingham.ac.uk

publié le 08/02/2006

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